Après la fin de l'hiver, le commencement du printemps avec ses fleurs comme des feuilles qui escaladent le ciel, après l'été peu liquide mais bien, bien allongé d'or, ou de whisky échauffé pour lui faire garder son goût en évaporant l'alcool dans une coupelle à midi, de café incorporé ou injecté dans une glace, l'automne va revenir, disait l'agronome russe diplômé d'économie à sa Muse raisinée. "C'est lui qui aura tes yeux: violets brun ou bruns violet."
Des grappes d'odeurs de fruits se partageront les couloirs et la cage d'escalier. Les grand-mères coaguleront un œuf frit aux champignons. Les enfants s'apprêteront à lire, écrire leurs devoirs, à compter, à colorier pas loin d'une cuisinière ou d'un poêle haut comme un mur. Ils penseront que dans les fours, on peut mûrir une brioche ou faire rôtir des châtaignes.
On économisera les verres des lunettes, en pensant obscurément que les yeux se fortifient quand ils ne s'en servent pas. Ou bien que les yeux les usent à force de s'en servir, ce qui revient au même - un calcul d'une bêtise qu'il importe de dénoncer - .
Extrait de "Maison pour enfant", 2007-2014.